Affaire Zeckler : la police sous le feu des critiques Alors que les images de policiers tabassant un producteur noir ont fait le tour du web, le tabou des violences policières est au centre du débat.

Ce sont des images de vidéosurveillance qui ont choqué et rouvert le débat sur les violences policières.
Celles du lynchage, samedi 21 novembre dernier, à Paris, par 3 policiers, d’un producteur de musique noir, Michel Zecler.

Un passage à tabac filmé

Ce soir-là, alors que ce dernier aurait aperçu un véhicule de police, Michel, alors sans masque décide de rentrer précipitamment dans ses studios, afin de ne pas être verbalisé.
C’est alors que les policiers forcent l’entrée du bâtiment et coincent le producteur dans le petit hall, et le rouent de multiples coups. Mais ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’ils sont filmés. On voit des coups de poing, et des coups de matraque aussi.
Alors que des artistes, en enregistrement au sous-sol, montent pour défendre Michel Zecler, les policiers finissent par sortir. Mais voilà, une grenade lacrymogène est lancée à l’intérieur puis le producteur est sorti de force et encore tabassé. Là aussi, ils sont filmés, par le voisinnage.
Ces images, très choquantes, d’un véritable lynchage en règle, ont été relayées par un média en ligne et ont fait très rapidement le tour du Net. Elles ont depuis été vues au moins près de 30 millions de fois et ont suscité un véritable tollé. Les policiers impliqués ont d’ailleurs été mis en garde à vue et suspendus, dont deux placés en détention provisoire.

Affaire Zeckler, une résonance avec le mouvement « Black Lives Matter »

Cette affaire résonne avec le mouvement américain Black Lives Matter, « les vies des noirs comptent » en anglais, lancé après la mort de George Floyd, cet homme noir, mort ettouffé par un policier blanc.
Au delà de l’indignation, elle vient rappeler l’importance des images, au moment où est discuté la fameuse loi dite de « Sécurité Globale » et son article 24, qui fait débat et a provoqué ces derniers jours, de nombreuses manifestations.
Cet article, il prévoit en fait de protéger l’image des policiers en intervention, en punissant la diffusion de celle-ci, dans le but manifeste de porter atteinte aux forces de l’ordre. Une disposition floue, pour ses détracteurs, qui dénoncent une atteinte au droit d’informer.
Devant la protestation, notamment de médias, le gouvernement a proposé de réécrire la proposition de loi. Mais elle a déjà été adoptée à l’Assemblée, et doit désormais être étudiée par le Sénat, au début de l’année prochaine.

Le Ministère de l’Intérieur dans la tourmente.

Les violences envers Michel Zecler relancent aussi le débat sur la profonde incompréhension entre la police et la population. Un lien qui s’est distendu, au fil des manifestations des gilets jaunes notamment, et de la répression parfois violente.
Le gouvernement, lui, récuse ces violences, tout en entendant protéger la police dans sa globalité, dans un contexte où les représentants de l’Etat sont parfois pris à partie. Une police qui manque de moyens, et où la formation ne cesse d’être raccourcie. C’est d’ailleurs aussi une partie du problème, dans une institution où les nouveaux fonctionnaires, souvent très jeunes, sont jetés sur le terrain, sans véritable expérience, dans des banlieues difficiles.
Le journaliste Valentin Gendrot, avait montré ce « malaise policier » et ces conditions de travail difficiles, qui peuvent pousser au dérapage. En un mois de formation, il a été habilité au port d’arme, sous le statut précaire « d’adjoint de sécurité ».
Le ministère de l’Intérieur se trouve donc entre le marteau et l’enclume, avec d’un côté, une police pas toujours comprise, à qui l’on demande de faire plus avec moins, et de l’autre, des minorités avec des revendications sociales fortes, qui parfois peuvent en faire les frais.

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Rédacteur en chef Azimut365.