Le ciel semble s’obscurcir pour le fleuron français de l’aérien, alors que la compagnie nationale, en grande difficulté après la première phase de la Covid-19, prévoit de se séparer de plus d’un quart de ses effectifs à l’horizon fin 2022.
Une dette « difficilement remboursable »
Pour faire face à la crise, l’entreprise à l’hypocampe a reçu 7 milliards d’euros de la part de l’Etat, actionnaire en prêts directs et prêts garantis. Mais voilà, étant donné qu’Air France accuse une perte de 10 millions d’euros par jour, la compagnie aura bien du mal à rembourser sa dette, de l’aveu même de son patron, Ben Smith (L’Express, janvier 2021).
Toutefois, ces crédits ne sont pas le seul challenge de haut vol. Un des grands défis pour Air France, c’est celui des contreparties demandées par l’Etat, qui l’obligent à poursuivre à marche forcée, ses chantiers de transformation censés la rendre plus compétitive. Au premier rang desquels la refonte du réseau domestique, qui pose question quant à l’avenir de la marque dans les territoires.
Coups de rabot en série
En effet, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances, avait précisé en mai dernier, que « l’avion ne devait plus être un moyen de faire en 1h ou 1h15 des transports qui pourraient se faire à moindre coût de CO2 par train en 2h ou 2h30 ».
Le couperet est alors tombé pour de nombreuses lignes régionales qui se sont alors vues sacrifiées sur l’autel de la transformation écologique (et économique). Les nombreuses manifestations d’élus locaux ne se sont pas fait attendre partout en France, réclamant le maintien de certaines lignes régionales.
La compagnie est donc face à un dilemme, telle une dichotomie, entre la nécessité, d’une part, de se relever de la crise, et de l’autre, de préparer son business model aux enjeux du monde de demain, conformément à la feuille de route imposée par l’Etat. C’est à dire mettre des coups de rabot un peu partout pour baisser les coûts.
Recapitalisation : Paris et Bruxelles divergent
Un horizon d’espoir cependant : la « recapitalisation » du groupe Air-France-KLM, qui s’impose comme gage de survie économique. Avec cette nouvelle injection de capitaux, l’Etat français pourrait ainsi doubler sa participation pour arriver à 30% dans le groupe.
Néanmoins, les discussions sont rudes avec Bruxelles et plus précisément, avec l’autorité de la concurrence, puisque l’Europe demande à Air France de céder des créneaux de décollage et d’atterissage à l’aéroport d’Orly. C’est la même condition qui avait été demandée à la Lufthansa pour sa recapitalisation fin 2020. Mais la compagnie française, elle, a peur que ses positions ne soient fragilisées au sein des aéroports de Paris. Affaire à suivre…