200 parties civiles, 144 témoins, 49 journées d’audience et 14 accusés… ces chiffres hors-normes, ce sont ceux du procès des attentats de « Charlie » qui s’est ouvert à Paris, la semaine dernière.
Souvenez-vous, c’était le 7 janvier 2015. Deux assaillants ouvraient le feu sur nos confrères du journal satirique Charlie Hebdo à Paris, tuant 12 personnes, dont 8 journalistes. Le lendemain, un autre terroriste tuait une policière. Et 4 personnes périrent également le surlendemain lors d’une prise d’otages dans une épicerie près de la capitale.
17 personnes tuées et un slogan, « Je suis Charlie », qui fera le tour du monde… Cette épopée meurtrière aura laissé une blessure vive aux Français. Une blessure ravivée, 5 ans après, pour un procès qui s’annonce historique.
« Un procès pour l’Histoire »
Historique déjà, parce que les principaux accusés ne sont pas présents. En effet les terroristes sont morts et la femme d’un d’entre eux, est présumée en cavale dans le nord de la Syrie.
Des absences qui laisseront sans aucun doute beaucoup de questions en suspens. Mais qu’à cela ne tienne, ils seront tout de même jugés. Et sur le banc des accusés, on retrouve de nombreux complices présumés.
Historique aussi, parce que le procès est filmé… C’était une volonté du parquet de Paris afin de « constituer des archives pour l’histoire », une captation rarissime en France dans les salles mêmes où se rend la Justice. La première fois c’était en 1987, pour le procès du criminel nazi Klaus Barbie.
Cela fait donc une semaine que les audiences se succèdent, tout comme les moments d’émotion pour les familles des victimes. Ainsi, les parties civiles ont été nombreuses à sortir de la salle lors de la diffusion des images insoutenables des attaques.
La liberté d’expression de moins en moins évidente
Du côté de Charlie Hebdo, la rédaction a fait le choix de republier les caricatures qui lui avaient valu les menaces des djihadistes. Intitulé « Tout ça pour ca », le numéro a été rapidement épuisé.
Mais 5 ans après l’attaque, les réactions hostiles ne se sont pas faites attendre. On a ainsi un drapeau français être brûlé durant une manifestation au Pakistan. Et même en France, « l’union sacrée » des lendemains des attaques semble s’être quelques peu volatilisée.
Ici, derrière le cas des procès de Charlie, c’est toute une vision sociétale de la liberté d’expression qui se joue donc, dans un pays de plus en plus divisé et où elle se fait parfois de moins en moins évidente.