Un professeur d’histoire-géographie de 47 ans, Samuel Paty, a été décapité en pleine rue, alors qu’il rentrait du collège où il enseignait. Quelques jours plus tôt, il avait fait face à la colère de plusieurs parents d’élèves pour avoir montré des caricatures du Prophète Mahomet, durant un cours sur la liberté d’expression.
Alors, depuis la fin de la semaine dernière en France, les hommages à cet homme, marié et père d’un fils de 5 ans, se multiplient. Car ce qui est attaqué là, c’est l’école, ce sanctuaire de la République. Ce qui est attaqué là, c’est la liberté d’expression et la liberté d’enseigner.
L’engrenage de la haine
Tout commence en fait le 5 octobre en cours d’EMC, c’est-à-dire d’Education Morale et Civique. Celui que ses élèves appelaient “Monsieur Paty”, montre en classe des caricatures de Mahomet dessinées par Charlie Hebdo. Et notamment une Une représentant Mahomet nu et accroupi avec une étoile dessinée sur ses fesses et titrant « une étoile est née ». Une caricature qui en fait s’inscrivait dans le contexte de l’attaque mortelle de l’ambassade américaine de Libye, après la diffusion d’un film californien anti-islam.
C’est alors qu’accompagné d’une figure de l’islamisme radical, un des parents d’élèves mécontents, va à la rencontre de la principale du collège où enseigne Samuel Paty. Il publiera un peu plus tard une vidéo sur Facebook, contre l’enseignant, disant que sa fille avait assisté au cours, et invitant à poursuivre la discussion avec lui par SMS. Sauf que depuis, l’enquête a prouvé que son enfant n’a pas assisté à cette leçon. Elle a aussi montré que ce parent était en contact avec le terroriste avant le meurtre de Samuel Paty.
Une émotion palpable
Cet assaillant, d’origine tchètchène, âgé de 18 ans a été abattu par la police. Il bénéficiait depuis plusieurs années du statut de réfugié politique en France. Quelques jours après la disparition tragique et effroyable du professeur d’histoire-géo, toute la question est désormais de savoir si cet escalade de la haine avant l’attentat a pu motiver son acte.
En tous cas le gouvernement lui, qui avait présenté un projet de loi contre le séparatisme islamiste ce mois-ci, prévoit des mesures encore plus fortes pour riposter. La question d’une éventuelle déchéance de nationalité du prédicateur islamiste qui avait accompagné le parent d’élève mais aussi appelé à la haine, et bien cette question elle pourrait se poser. En attendant, environ 1 semaine après le drame, l’heure est à l’émotion. Dimanche, un rassemblement né à l’appel des réseaux sociaux, et notamment de Charlie Hebdo, a réuni plusieurs milliers de personnes pour défendre la liberté, notamment d’expression, contre la barbarie terroriste. Des images fortes, on a pu y voir des slogans je suis prof, reprenant le je suis charlie, ou encore l’expression en saignant en deux mots.
Mercred soir, en présence d’Emmanuel Macron, c’était un hommage national qui était rendu à Samuel Paty, à la Sorbonne, ce haut lieu de l’enseignement. Tout un symbole. Professeurs, caricaturistes, journalistes, ces métiers font vivre, chaque jour, nos libertés fondamentales, parfois au péril de leur vie. Alors aujourd’hui, stations de radio, chaînes de télévision, journaux et sites d’informations, nous disons stop à l’obscurantisme et clamons notre liberté d’expression, dans une époque où elle se fait de plus en plus incertaine et menacée ! Nous y sommes, plus que jamais, très attachés. Les terroristes ne gagneront pas.