Faut-il interdire la chasse ? C’est une question qui se pose de plus en plus en France depuis quelques temps.
Dernièrement, une image a fait le tour du pays. Celle d’un cerf assoiffé, réfugié en ville, dans le nord de la France, après avoir été traqué durant une séance de chasse à courre. Indignation chez les amis des animaux et écologistes notamment, qui fustigent une pratique d’un autre temps. Ainsi ils soutiennent que tuer n’est pas un loisir.
« Tuer n’est pas un loisir » pour les écologistes
Du côté des humains, les chiffres des « victimes collatérales » sont éloquents. En France, en 20 ans, sur la période 1999-2019, ce ne sont pas moins de 400 personnes qui ont été tuées, « accidentellement » pendant des séances de chasse. Des décès qui ont parfois amené les autorités françaises à interdire temporairement la chasse dans certaines contrées du pays.
Les anti-chasse ont obtenu une première victoire il y a quelques semaines, avec l’annonce par Emmanuel Macron de l’interdiction de la « chasse à la glu ». Une pratique qui consiste à recouvrir les branchages de colle afin de prélever des oiseaux, une fois qu’ils se seront posés dessous. Mais voilà, pour eux , c’est insuffisant, l’interdiction étant seulement temporaire.
La chasse, un lobby important
Du côté des chasseurs, l’activité ne serait ni plus ni moins qu’un acte ecocitoyen. En prélevant ainsi des animaux dans la nature, ils contribueraient à la régulation des espèces, en faveur de la biodiversité. Cette vision de la chasse s’est notamment développée ces dernières années avec la réintroduction de l’ours et du loup. Deux espèces qui sont prédatrices pour le bétail des fermes environnantes et font parfois de vrais ravages,
Et avec plus d’un million d’adhérents en 2019, le lobby de la chasse est l’un des plus importants du pays. C’est bien ce que lui reprochent ses opposants. Pour eux, le gouvernement irait souvent dans leur sens, par pur souci de clientélisme électoral.
Face à la pression, le gouvernement légifère
Montré du doigt et sous la pression du mouvement écologiste notamment chez les jeunes, surtout pour avoir divisé par deux le prix du permis de chasse, l’exécutif est donc à la croisée des chemins et doit plus globalement prendre à bras le corps le chantier de la transition écologique. Il avait notamment réuni une convention citoyenne pour ébaucher des mesures concrètes.
C’est toutefois un vrai défi, l’enjeu environnement étant en ce moment au second plan, derrière une situation sanitaire de plus en plus tendue et une économie chamboulée par la Covid.
Vous l’aurez donc compris, la chasse est en fait l’une des multiples incarnations de ce vif combat d’idées, qui oppose militants écolos et traditionalistes. L’opinion publique française , elle, est de plus en plus hostile à la chasse. Il y a deux ans, dans un sondage Ifop, 84% des sondés trouvaient cette pratique dangereuse et cruelle.