La commune de Hyères, c’est plus d’⅓ d’espaces boisés. Pour veiller sur ces immenses étendues vertes soumises à de hauts risques de nature incendie durant l’été principalement, les femmes et hommes du Comité Communal Feux de Forêts, tous bénévoles, sont aux aguets. Mais ce n’est pas leur seule attribution.
M -9 : SUR LE PONT DÈS LE MOIS DE SEPTEMBRE
Pour le CCFF de Hyères, la campagne de recrutement commence durant un weekend incontournable de septembre : le forum des associations qui se tient chaque année à l’Espace 3000. Pour réussir ce rendez-vous savamment orchestré, l’équipe de bénévoles réunie autour du Président délégué Pierre THEFENNE (le président de droit étant toujours le maire de la commune), se déploie tout autour de la salle et distribue des tracts de sensibilisation en invitant les badauds à passer sur son stand : les tenues orange fluo dont les CCFF sont dotés lui permettent d’être repéré ! Car c’est bien là le double enjeu de cet évènement se déroulant sur deux jours : recruter mais aussi être vu, se faire connaître du public et donc sensibiliser au risque incendie. Ainsi, tous les publics sont touchés. Certains bénévoles restent sur l’ensemble de la manifestation, de 8 à 19 heures, ce qui fait des journées éprouvantes ! “Quand on aime, on ne compte pas”, dit-on.
Le Comité y explique aux potentiels intéressés son dispositif mais aussi les disponibilités demandées, qui sont compatibles avec une activité professionnelle.
M-6 : A PARTIR DE JANVIER, TOUS EN SALLE !
Une fois les différentes réunions d’information réalisées, les “nouveaux” comme on les appelle en interne, sont plongés dans l’apprentissage de l’organisation du monde des pompiers. Gestes professionnels, vocabulaire, topographie, radio : tout est passé en revue un mercredi sur deux à 18 heures généralement, dans un local situé au centre-ville. Pour le CCFF, “il est important que les nouvelles recrues intègrent ces informations qui sont utiles à la mise en sécurité sur le terrain”. Car, si ces bénévoles ne sont pas pompiers, ils sont tout de même “dans l’oeil du cyclone”, comme le rappelait le maire d’Hyères Jean-Pierre Giran lors de l’Assemblée Générale de début de saison 2019.
Des formations donc, organisationnelles d’abord pour connaître le dispositif mis en place, aussi bien par les ‘orange’ que par les femmes et hommes du feu; de vocabulaire ensuite, car “il est important que la grande communauté des secours parle le même langage pour être encore plus efficace ensemble” ; de cartographie ensuite : les cartes usant le système DFCI (Défense de la Forêt contre les Incendies) commun avec les pompiers, “il est nécessaire de se familiariser avec [celui-ci] afin de permettre de se coordonner” ; et enfin des cours de radio “car transmettre la bonne information au bon moment, c’est codifié et cela s’apprend”.
Cette formation théorique conséquente est complétée par des cours pratiques dispensés dès le mois d’avril. Il convient alors d’apprendre les principaux gestes professionnels, les rudiments de la conduite 4×4, l’usage de la motopompe (enclenchant un système de 600 litres d’eau embarqué sur les véhicules de primo-intervention), et surtout de repérer les divers recoins de la ville, très étendue, et aux travers desquels les équipes peuvent être amenées à guider les pompiers lors d’un sinistre.
LES FEUX DE FORÊT, SEULEMENT UNE FACETTE DE LEURS MISSIONS
Toutefois, même si leur nom comporte la mention “feux de forêts”, les CCFF sont engagés en basse-saison sur des missions de ‘sécurité civile’ telles les intempéries, les tempêtes ou plus inattendu … la neige, et dans d’autres communes sur réquisition du Préfet. C’est ainsi qu’en 2014, des équipes hyéroises avaient été envoyées à La Londe Les Maures afin d’apporter leur soutien aux sinistrés des meurtrières inondations. A l’aide de matériel spécialisé, ils ont pu chasser l’eau de plusieurs habitations. En vertu de leur service honorable rendu à la population, Régine Blanchard et Pascal Azoulai se sont alors vu inviter à la Préfecture et remettre par le Préfet Jean-Luc Videlaine, la Médaille de la Sécurité Intérieure (MSI), sur proposition de la mairie d’Hyères.
De plus, des séances de sensibilisation sont réalisés à intervalles réguliers auprès des enfants hyérois.
UN APPUI PERMANENT DE LA PART DE LA MAIRIE
Les femmes et hommes en orange hyérois peuvent trouver en la mairie, à laquelle ils sont rattachés tels des “agents municipaux occasionnels”, une “oreille attentive”, comme le résume Elie di Russo, maire-adjoint aux espaces verts, à l’agriculture, à la forêt, délégué à la fraction des Borrels et référent des CCFF. Ce dernier les considère comme des “volontaires, écocitoyens”. Ce sont des bénévoles au sens pur, “des gens qui veulent le bien”, selon Jean-Pierre Giran, le premier magistrat de la ville qui chaque année, leur offre un repas de début de saison.
Dernièrement, la mairie leur a accordé un futur véhicule de liaison 4×4, qui constituera le quatrième pendant de leur flotte.
UN DISPOSITIF ESTIVAL IMPORTANT
Fort d’une quarantaine de bénévoles actifs, le Comité Feux de Forêts de la ville d’Hyères arme, chaque jour de la saison estivale, sa vigie ainsi qu’une patrouille véhiculée. Ce sont deux bénévoles qui sont affectés à chaque poste. Ainsi, le dispositif est demandeur en personnel. Les jours classés “extrême” par la Préfecture peuvent même voir une deuxième patrouille s’activer, qui s’attachera alors à l’observation en points hauts.
La vigie, cabanon positionné sur la colline du Fenouillet et culminant à 90m, permet d’observer à 360° les communes de Hyères et La Londe et de surveiller vers le nord une partie du massif des Maures. A l’ouest, l’on peut même distinguer le port de Toulon. Cette première est positionnée sur un terrain mis à disposition par Jacky Lion, membre d’honneur du Comité. Elle est en liaison constante avec une tour de guet des pompiers, située à Notre-Dame des Anges, pour lui signaler toute fumée suspecte.
La patrouille constitue ses ‘yeux véhiculés’. En effet, grâce aux deux véhicules porteurs d’eau, les bénévoles peuvent aisément se joindre par radio et effectuer une reconnaissance de fumée par exemple. Son tracé habituel englobe toute la commune, de la Presqu’île de Giens aux Borrels en passant par le Mont des Oiseaux, la Piste du Château ou encore le Plan du Pont. Il est de coutume “faire un saut” par la vigie pour un moment convivial. Elle a, outre une fonction de surveillance, une utilité dissuasive et de sensibilisation – de touristes notamment – au travers des tracts distribués et des différentes rencontres faites au détour de celle-ci. En moyenne, ce sont près de 70 kilomètres qui sont parcourus chaque jour.
Il y a quelques jours, cette même patrouille quotidienne a eu l’occasion d’éteindre un départ de feu dans les hauts de la ville.
L’AMICALE, INDISPENSABLE SOUTIEN DE L’ACTION ORANGE
Association créée en 2013, l’Amicale du Comité Communal Feux de Forêts d’Hyères, est devenue un acteur majeur du soutien apporté aux bénévoles. C’est Pascal Azoulai, le même médaillé de la MSI, qui a pris sa présidence en 2018. Depuis lors, l’association tente d’organiser des évènements conviviaux rythmant la vie des CCFF et effectue des achats qui profitent à tous. Par exemple, depuis cet été, tous les véhicules de patrouille ont été équipées de glacières électriques pour stocker des bouteilles d’eau ainsi que de rangements optimisés permettant d’accéder rapidement au nécessaire d’intervention, dont la trousse de secours. En effet, il n’est pas rare que les patrouilles soient confrontées à des blessés auxquels elles prodiguent les premiers soins.
L’INCENDIE DES HAUTS DE HYÈRES EN JUIN : UN EXEMPLE DE DÉPLOIEMENT DE LA FORCE ORANGE
En juin dernier, un incendie a fait partir en fumée 10 hectares de forêt aux abords du quartier d’HLM “Le Val des Rougières” et des hauts de Hyères, battant ainsi un record de précocité, avec un vent de type sirocco très violent et chaud accompagné de températures très élevées. Dès le déclenchement de l’incendie, le CCFF a ainsi été mis en alerte au travers de son président délégué P. Thefenne, qui a immédiatement dépêché des personnels sur place. En cas de sinistre, ces derniers sont mis à la disposition du Commandant [pompier] des Opérations de Secours (COS) qui dirige les moyens de lutte. Les CCFF peuvent alors être affectés à des actions de guidage et de soutien logistique par exemple. Un équipage a alors accompagné un haut responsable de l’Office National des Forêts (ONF) au coeur du sinistre afin de prendre connaissance de l’étendue des dégâts. Leur concours lors de ce type de crises, apprécié par les différents acteurs du secours, prouve leur engagement au service de la communauté hyéroise et montre la coordination de leurs divers moyens et missions dans un but commun.