C’était fin juillet dernier : une mère de famille de 25 ans, Marion, avait été refoulée d’un supermarché… à cause d’un décolleté jugé « trop dénudé ». L’affaire mettant en cause une grande surface Casino de Six-Fours-Les-Plages (Var) avait beaucoup fait réagir.
La jeune femme a d’abord été empêchée d’entrer dans le magasin par un agent de sécurité, puis par la directrice, qui a confirmé les propos de ce dernier. « Je me suis sentie humiliée », dira Marion. Sur les réseaux sociaux, beaucoup lui ont témoigné leur soutien en appelant même au boycott de la chaîne.
Quelques semaines après, le 8 septembre, Jeanne, vêtue d’une robe, se voit refuser l’entrée du Musée d’Orsay à Paris, encore par un agent de sécurité, la sommant de se couvrir.
Lettre ouverte @MuseeOrsay
Ci-joint la robe de la discorde (photo prise quatre heures plus tôt) pic.twitter.com/FTIXQKsdRZ
— Tô’ (@jeavnne) September 9, 2020
La faute est-elle due à des erreurs de lecture et d’application des règles établies dans les ces lieux de la part de la sécurité privée ? Ou ces règles sont-elles intrinsèquement sexistes ?
Cachez ce sein que je ne saurais voir
Toujours est-il que le délit d’outrage à la pudeur a disparu du Code pénal français depuis 1994. Mais voilà, fin août, deux autres femmes, bronzant seins nus sur la plage, ont été priées de se rhabiller la poitrine.
Alors, certaines femmes ont décidé de dire « stop ». A l’image du hashtag « lundi14septembre » sur les réseaux sociaux, qui a lancé une vague de protestations dans les collèges et lycées, visant à faire cesser la discrimination liée aux tenues des jeunes filles.
Sur Twitter, elles sont nombreuses à relater s’être faites refouler de leur établissement scolaire, en raison d’une jupe « trop courte », d’un crop-top ou d’un décolleté « trop voyant ».
Les établissements scolaires au cœur de la polémique
Ainsi, elles fustigent la « tenue correcte exigée » et défendent leur liberté de s’habiller comme elles veulent. Une liberté rappelée par Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté, qui apporte son soutien au mouvement.
« Aujourd’hui #lundi14septembre des jeunes filles ont décidé spontanément partout en France de porter jupes décolletés crop top ou maquillage pour affirmer leur liberté face aux jugements & actes sexistes. En tant que mère, je les soutiens avec sororité & admiration. »
– Marlène Schiappa, le 14 septembre 2020, sur Twitter
Une prise de position qui a été beaucoup relayée, alors que le ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer a affirmé qu’il « suffit de s’habiller normalement ».
Pour le collectif féministe « Nous Toutes », qui milite entre autres contre la « sexualisation » du corps des femmes,
« Nos tenues ne sont pas le problème. Le problème, c’est le harcèlement, les agressions et les viols. »
Ce qui est sûr, dans un pays où beaucoup d’établissements scolaires et de lieux publics exigent une « tenue correcte », c’est que beaucoup reste encore à faire.